Communiqué des pôles territoriaux de formation initiale à la pratique artistique de Corse

Associations Anima d’I Prunelli-di-Fiumorbu, CACEL de Porto Vecchio,  Scola in Festa d’A Penta-di-Casinca, U Timpanu de Calvi, Una Volta de Bastia.

A quelques jours de la reprise de nos activités, après 18 mois de fonctionnement chaotique à cause des diverses contraintes sanitaires, nos structures sont aujourd’hui face à de nouvelles difficultés avec la mise en place du passe sanitaire. Comme à chaque nouvelle étape depuis 18 mois, les informations sont tardives, sujettes à interprétation, compliquées à mettre en œuvre.

Il est important de rappeler que nous ne polémiquons ni sur la vaccination ni sur le passe sanitaire et que nous mettons au premier plan la nécessité de protéger salariés et usagers. Mais comme pour de nombreux lieux d’enseignements culturels associatifs, il y a un problème !

Le passe sanitaire est rendu obligatoire pour les activités de loisir mais pas pour les enseignements.
Il n’est pas obligatoire à l’école, il ne l’est pas non plus dans les conservatoires ni dans les lieux d’enseignement culturels publics mais il l’est dans les écoles associatives !

Pourquoi cette distinction ?

 

Aujourd’hui, le même intervenant aurait besoin d’un passe sanitaire pour travailler chez nous, mais pas pour travailler dans un conservatoire ou dans une école ?

Comment expliquer à nos salariés, à nos élèves adultes et dès le 30 septembre à ceux de 12 à 17 ans, qu’ils vont devoir présenter un passe sanitaire valide pour accéder à leurs cours de musique, de danse (mais aussi de théâtre, arts plastiques ou arts du cirque) alors que les élèves inscrits dans les conservatoires classés, communaux ou dépendant de collectivités territoriales n’en auront pas besoin ?

Cette situation sera particulièrement délicate à traiter dans les zones géographiques où des établissements de différents statuts fonctionnent en réseau. Tous ces établissements, qu’ils soient publics (classés ou non), écoles de musique, de danse ou d’arts plastiques, indépendamment de leur typologie en tant qu’ERP (R/L), relèvent d’abord et avant tout de l’enseignement proprement dit et non pas d’activités de loisir. Les écoles associatives dépendent d’ailleurs d’une convention collective qui prend en compte cette dimension d’école, au travers de statuts spécifiques de professeurs ou d’animateurs techniciens basés sur le fonctionnement des enseignants du milieu scolaire et dotés d’un régime comparable à celui d’obligation de service.

La charte de l’enseignement artistique spécialisé en musique, danse et théâtre, élaborée en 2001 au terme d’une large concertation entre l’Etat, les professionnels et les associations d’élus réunis au sein du Conseil des Collectivités territoriales ne fait d’ailleurs pas de distinction entre structures privées, associatives et structures publiques.

 

Face à cette situation, les interprétations des ministères sont divergentes, comme les informations et consignes des différentes fédérations, des préfectures, des collectivités locales…

Nous nous associons aux collectifs et fédérations professionnelles du secteur de l’enseignement et de la pratique artistique qui se mobilisent et partagent les mêmes interrogations et inquiétudes sur ces nouvelles difficultés qui affectent un secteur déjà en souffrance.

Nous pensons qu’il aurait été plus équitable de permettre à tous les élèves du secteur de l’enseignement artistique d’accéder à leurs cours sans présentation du passe sanitaire, en conservant les mêmes exceptions que dans le décret du 1er juin.

Nous regrettons que ce texte créé une iniquité de traitement au sein même des équipes pédagogiques et fragilise les partenariats avec l’Éducation Nationale. En effet, les professeurs d’enseignement artistique intervenant en milieu scolaire n’auront pas besoin de présenter un passe sanitaire alors que leurs collègues travaillant au sein des structures d’enseignement artistique, parfois avec les mêmes élèves, y seront contraints. De son côté,  un professeur de l’Éducation Nationale, non soumis au passe sanitaire sur son lieu de travail, devra le présenter pour accéder avec ses élèves aux actions d’éducation ou de médiation proposées par les structures d’enseignement artistique et / ou les ensembles amateurs.

Nous demandons que soit corrigée cette iniquité qui va durement toucher nos établissements d’enseignement artistique associatifs et privés qui ont su, comme les établissements du secteur public, mettre en place des protocoles sanitaires très élaborés, et souvent coûteux, pour favoriser la continuité des activités tout en protégeant la santé de tous.

 

On le sait, nos activités répondent à des besoins essentiels qui dépassent la pratique artistique. Ils sont une source d’épanouissement et d’équilibre. Un lien social et une fraternité.

Face à une rentrée qui s’annonce encore délicate nous espérons pouvoir bénéficier d’une écoute attentive et d’un accompagnement réel. Nous avons besoin d’informations précises sur les mesures que nous devrons très rapidement mettre en œuvre.

De nombreux éléments de ce communiqué sont issus de l’analyse de Nicolas Stroesser sur le site d’Indovea (Information Documentation Veille Enseignements Artistiques) et du courrier de l’ASSEM 17 (Association des Sociétés et Ecoles de Musique de Charente-Maritime) aux députés et sénateurs de la Charente-Maritime et à la Présidente du Conseil Départemental. Merci à eux !